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En Petite Camargue, dans les marias de Vauvert et de Gallician, ils ne sont plus qu'une poignée de paysans à couper les roseaux. Cette tradition, peu rentable, vieille de sept cent ans, disparaît au profit de la mécanisation. Plongée au cœur de la roselière, au côté des derniers sagneurs de Camargue.

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La Sagne

Véritable trésor de Camargue, le roseau est utilisé depuis l’Antiquité pour la fabrication de toitures, d’abris, de palissades, etc. 

Chaussé de hautes cuissardes et faucille à la main, André Calba, sagneur en Camargue, s'enfonce dans les marais. Il saisit une brassée de roseaux, la rabat vers lui et la tranche d'un coup sec. Le jour pointe à peine sur les marais de Vauvert, en Petite Camargue. André, sagneur en Camargue, a compté trois gelées blanches et un coup de Mistral avant de commencer la récolte des Phragmites australis, le roseau – la sagneen provençal. Les feuilles sont tombées, la sagne s'élève, droite et dorée, prête pour la coupe.

Il vérifie la largeur du paquet avec le galbe de son sagnadou – sa faucille - et le lie d'un fil de fer. Il enlève le "courtillon" - les débris de roseau - , tasse le paquet contre le fond plat de sa barque et le pose en "éventail" sur les paquets déjà récoltés.

Ces gestes, enseignés par son père, André les a répétés tous les jours, de novembre à avril, pendant vingt ans. Cette fois-ci, il restera à peine une semaine au milieu de la roselière, pour son plaisir."Il y a vingt-cinq ans, je ramenais en moyenne 200 paquets par jour, de la sagne haute et fine, magnifique. Nous étions une cinquantaine de sagneurs en Camargue et nous en vivions bien. Aujourd'hui, ils ne sont plus que quatre ou cinq à couper à la main." 

En travaillant "de la nuit à la nuit ", ils lient au maximum 120 paquets, car la sagne se fait plus rare. André travaille désormais dans une usine de la région, mais il ne résiste pas à l'appel de la roselière, où il vient se ressourcer.

"C'est un univers magique. Lorsque je suis au cœur du marais, entouré de roseaux de plusieurs mètres de haut qui se balancent et chantent dans le vent, je me sens parfaitement libre. Les cris des oiseaux, le frôlement des animaux, le roseau qui craque sous mes pas… Je ne peux pas m'en passer."

Sourcehttp://www.avignon-et-provence.com/provence/sagne-camargue/#.Uqslc_TuLE0