Articles La Cabane de gardian

La cabane de gardian est le logement de l'ouvrier agricole dans la Camargue du 19ème siècle et du début du 20ème siècle. C'est un bâtiment à façade en pignon et à la toiture à deux versants couverte en sagne.

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La Cabane de gardian

Avant le 20e siècle

Héritières des premières cabanes d'habitation apparues au 16e siècle en Camargue et apparentées aux cabanes de roseaux qui parsemaient au 19e siècle le littoral languedocien et roussillonnais, les cabanes de gardians étaient construites à l’aide des matériaux végétaux disponibles localement, et ce uniquement pour des raisons de coût. Les matériaux nobles, acheminés depuis les régions limitrophes, étaient réservés à la construction des mas.

 Des cabanes peu différentes servaient d'habitations permanentes ou saisonnières aux pêcheurs, bergers, agriculteurs, vanniers, sauniers qui travaillaient en Camargue. De celles-là, il ne reste que quelques clichés : le détail de leur architecture et leur nomenclature terminologique est perdu.

Au début du 20e siècle

La cabane de gardian du début du 20e siècle est un bâtiment à façade en pignon, à la toiture à deux versants inclinés de 45 %, dont la partie exposée au mistral est en abside et à croupe de façon à donner le moins de prise possible à celui-ci.

Elle possède une armature de piquets verticaux en bois d'ormeau supportant des pannes sablières (areniés). Sur ces dernières, s'appuient les chevrons (travetos ou travettes), lesquels reposent en haut sur la panne faîtière (arenié mestre). Lorsque le pignon est en matériaux végétaux, la faîtière est soutenue par deux poteaux montant de fond, l'un à l'avant, l'autre à l'arrière; lorsque le pignon est en pierres maçonnées, elle repose à l'apex de celui-ci et sur un poteau de fond à l'arrière.

Le chevron central de la croupe dépasse systématiquement le faîte de la toiture pour se retrouver coiffé d'une corne (bano) ou barré transversalement en forme de croix. Par grand vent, pour éviter que la cabane ne se soulève, on attachait au bout saillant de ce chevron, des cordes fixées au sol.

La couverture est faite de rangées de javelles (manouns ou manons) de roseau des marais (sagno ou sagne) posés sur des lattes (coundorsos ou condorses). Pour obtenir une meilleure étanchéité, une rangée de tuiles canal scellées au mortier vient souvent coiffer le faîtage, et un enduit de mortier à la chaux (cacho-faio) est appliqué le long de ce dernier, formant une chemise (camiso) ou chape. Celle-ci a aussi comme avantages de réfléchir, par sa blancheur, les rayons du soleil, de protéger du vent le sommet de la toiture en le caparaçonnant et de réduire les risques d'incendie liés à la présence du conduit de cheminée.

Les ouvertures sont étroites et il n'y a pas de fenêtre au nord. L'entrée est toujours en pignon. La porte en est en bois. Une toile contre le soleil et les moustiques est suspendue au-dessus du linteau en été.

La cabane occupe une surface de 80 à 120 m² en moyenne.

Lorsque le pignon est en dur, une cheminée à hotte montante est adossée contre la paroi intérieure de celui-ci, et sous l'un des rampants, l'autre moitié du pignon étant prise par l'entrée. La souche de cheminée, généralement de section rectangulaire, dépasse toujours du rampant opposé à celui au-dessus de l'entrée.

La cabane s'allonge en fonction des besoins de l'habitant : soit pièce unique, l'occupant mangeant au mas, soit pièce à vivre et chambre. La chambre, séparée de la pièce principale, au mieux par un cloison, au pire par un simple rideau de tissu, occupe alors la partie arrondie ou culotte de l'édifice. Elle abrite un lit en forme de caisse, dit brèsso (fém.), sur lequel pose en guise de matelas un sac à sel de 50 kilos rempli d'herbes sèches, dites baunco. La pièce à vivre, pour sa part, est meublée simplement : une table, deux bancs, quelques étagères et coffres. En pignon, un auvent (laùpio, fém.), armature rudimentaire coiffée de sagne, complétée par une table et un banc en bois, sert aux tâches ménagères (préparation de la cuisine, vaisselle).

Le sol de la cabane est en terre battue ou en béton de terre (bétun), mélange de mortier de chaux et d'agrégats roulés.

Devant certaines cabanes, se dresse un poteau muni d'échelons, appelé escalassoun (échelier ou rancher), auquel le gardian est censé monter pour surveiller son troupeau.

Aujourd'hui

Il n'existe plus aujourd'hui d'anciennes cabanes de gardians en dehors de celle qui a été remontée au Musée Arlaten à Arles (Bouches-du-Rhône). Aux Saintes-Maries-de-la-Mer, les cabanes des gardians du mas de l'Amarée, popularisées par les cartes postales de la première moitié du 20e siècle, ont été rasées. De même, celles du mas du Simbèu, construites vers 1930, ont été détruites une douzaine d'années plus tard par l'armée allemande.

Sourcehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Cabane_de_gardian